SAUJ QUI PEUT !

Et me voilà de retour (pour vous jouer un mauvais tour! – qui à la référence?). De retour sur les bancs du tribunal, et un peu sur les bancs du blog aussi apparemment ! Après une longue (courte?) pause, je reprends du service. Ici et dans la vraie vie.

Je ne saurais pas dire si j’avais vraiment envie de retourner au tribunal, ou non… La reprise a été un peu violente avouons-le, surtout quand on se fait insulter avec des mots vraiment pas beaux dès le deuxième jour (au téléphone mais quand même) mais bon que voulez-vous, on ne change pas une équipe qui gagne apparemment #lesjusticiablessontformidables.

Plus le temps avance et plus j’ai l’impression de ne plus connaître personne, que tous les services ont switché, que beaucoup trop de bons éléments sont partis. Et en même temps, il y en a certains qui n’ont toujours pas bougé, et ça, c’est bien dommage. Le changement, c’est maintenant les gars, foncez! (et loin de préférence).

Bref, en quelques heures, j’avais déjà envie de repartir.

J’ai commencé à écrire cet article la semaine de ma reprise. Et si je n’avais pas été coupée (par un enfant ou par un manque d’inspiration, la légende ne le dit pas…), je vous aurais livré un récit pas très glorieux de ce retour à la vie de Greffier. Les premiers jours n’ont fait que me conforter dans l’idée qu’il fallait que je change, de service à minima (SAUJ qui peut!) d’administration au mieux. Le retour a été violent et pas uniquement parce qu’il a fallu se remettre dans les procédures, les appels téléphoniques, les justiciables, le courrier, mais également parce que tout ce que je ne supportais plus avant de partir m’est revenu d’un coup dans la figure : absence d’unité, absence de vie de juridiction, pas de soutien de nos N+1, des décisions prises sans explications, des collègues blasés, aucune prise en compte des agents en tant que personne, les tableaux Excel pour tout et n’importe quoi, les ETPT, … Bref j’en passe et des meilleures. Tout a été condensé en quelques jours voir quelques heures pour une remise dans le bain direct. Alors merci mais non merci.

Ce serait mentir que de dire que j’avais totalement coupé du tribunal ces dernières semaines. Evidemment je me tenais et j’étais tenue au courant des actualités (à défaut d’avoir le transfert des mails importants…). Donc au fond je savais bien que rien n’avait changé (en tout cas, pas ce qu’on aimerait) et je savais bien ce que j’allais retrouver, au moins dans les grandes lignes. Et pourtant. Pourtant. J’ai espéré, jusqu’au bout. Et, sans surprise aucune, j’ai été déçue.

Mais alors même que j’ai déchanté en seulement quelques heures (voir minutes!), je vous écris aujourd’hui le coeur un peu plus léger. Rien n’a changé, rien n’a évolué. Je ne sais pas si je suis blasée ou désormais réaliste (ou les deux) mais j’en ai marre de me plaindre toute la journée. Alors oui, je « râle utile » très certainement, je mets des mots sur les maux de beaucoup d’entre nous, mais je me demande bien à quoi sert ce blog maintenant si ce n’est râler, désespérer, et se répéter… Elle est passé où la belle époque où j’avais pleins d’anecdotes à vous raconter ? Ohé les condamnés, revenez nous faire marrer !

J’ai profité d’une discussion très intéressante avec l’une de mes collègues où je lui expliquais pourquoi, 8 ans après avoir obtenu mon concours, Madame le Greffier était lassée. Elle est loin l’époque où j’avais un petit pincement au coeur quand je posais des congés car je savais que j’allais rater de bons moments avec mes collègues, elle est loin l’époque où j’étais contente d’avoir un Greffier stagiaire pour la journée ou la semaine pour lui partager mon « métier-passion« , elle est loin l’époque où je participais avec plaisir au forum des métiers du droit de l’université pour vendre et sur-vendre les Greffes, elle est loin l’époque où la masse de dossiers à traiter me boostait, tout ça, c’est loin. J’ai grandi ou vieilli, je ne sais pas, je vois les choses différemment, les juridictions ont fusionnées, l’organisation judiciaire a été chamboulée mais la mentalité de certains n’a pas bougé. Et parfois il suffit de peu pour de grosses conséquences.

Aujourd’hui, je suis Greffier depuis 8 ans, titulaire depuis 6 ans et demi, 4 juridictions, 4 services, et après des mois voir années de désespérance, il est grand temps de rallumer les étoiles (comme dirait Virginie Grimaldi).

Il est grand temps de reprendre le chemin du boulot avec le sourire, il est grand temps de remettre des étoiles dans les yeux de nos stagiaires, il est grand temps d’arrêter de devenir ceux qui râlent dans les couloirs mais ne disent jamais rien en face « parce que de toute façon, ça ne changera rien » (pas faux… mais il faut tenter pour le vérifier!), il est grand temps de se dire que de toute façon, nous sommes les petites mains oubliées des tribunaux, c’est un fait mais il est grand temps de se rappeler que sans nos petites mains, les tribunaux ne tourneraient pas ! Et que si toutes les petites mains se soutenaient entre elles, ça adoucirait drôlement le quotidien.

Alors hauts les coeurs, on y croit ! On lève son verre à nos bonnes résolutions : on reste des Greffiers qui déchirent… mais avec le SOURIRE !

Et petite dédicace à mes collègues, qui ne lisent surement pas ces quelques lignes et c’est tant mieux, qui ont clairement adouci ce retour à la vie judiciaire. MERCI!